Climat : la question africaine

Le premier accord universel pour le climat a été approuvé à l’unanimité le 12 décembre 2015. Moins d'un an après, le 4 novembre 2016, L'Accord de Paris (COP 21) est entré officiellement en vigueur. La COP 22 qui s’est tenue à Marrakech, du 7 au 18 novembre 2017, s’est centrée sur la mise en œuvre de l’accord de Paris.
Au regard des engagements pris, ces accords constituent un succès, même si on sait combien la route peut être longue pour ce qui concerne la mise en œuvre des engagements pris et qu’il y a toujours le risque d’une remise en cause des accords, comme nous venons de le constater avec le président Trump. Mais ces accords laissent un gout amer quant à la prise en compte du « paradoxe africain », parce que ce continent est le moins pollueur de la planète tout en étant celui qui pourrait être le plus affecté par des changements climatiques imputables à des pollutions venues le plus souvent d'autres continents.
Continent le moins pollueur, les chiffres en témoignent et un niveau de développement modeste l'explique en partie. On peut constater à travers mes statistiques que développement et pollutions vont souvent de pair. Ainsi, les principaux pays ou « union de pays »responsables de l'émission de CO2 sont la Chine (24,1%), les États-Unis (14,9%),les pays membres de Union européenne(10, 3%), l'Inde (5,7%),la Fédération de Russie (5,4%),le Japon (3%), le Brésil (2,6 %) etc. Aucun pays africain ne figure dans les dix premiers pollueurs de la planète, et si l'Afrique du sud est au quinzième rang, sa contribution est inférieure à 1% .
L’Afrique est aussi le continent qui sera cependant la principale victime du réchauffement climatique, estimé à deux degrés globalement, mais à trois degrés en Afrique, avec des conséquences climatiques négatives sur son développement. Par exemple, une érosion côtière accentuée et un accès à l'eau potable rendu encore plus complexe ; des terres cultivables de plus en plus difficiles à cultiver ; des conditions de vie et de travail dégradées ; des pluies raréfiées sur un territoire connu déjà pour ses longues périodes de sécheresse…
Le pire reste à venir. Pour se développer le continent aura besoin de consommer de plus en plus d'énergies émettrices de CO2 et il faudrait réguler la pollution alors que les États sont souvent très faibles et peu efficaces. Il faut agir lais la question est que les pays industrialisés pollueurs d'aujourd'hui ne se sont pas vraiment posé la question de savoir s'ils créaient ou non de la pollution. Agir cela veut dire contribuer financièrement à la réduction de l'effet de serre. On estime à 40 milliards de dollars américains par an le coût du changement climatique en Afrique, soit 3% de son PIB .Et à cela viennent s'ajouter les coûts indirects liés par exemple au recours aux énergies renouvelables.
Pour la plupart des pays africains, dont le PIB par habitant est, pour plus de la moitié d'entre eux, parmi les plus faibles de la planète, la facture constitue un frein incontestable à leur développement. Pour beaucoup, la solvabilité financière n'y résisterait pas. C'est pourquoi les experts africains demandent que l'on revoit à la baisse d'un demi degré l'objectif fixé. Est-ce la bonne solution? C'est une solution mais pas nécessairement la bonne solution.
À moyen terme le continent africain est celui qui va connaître les incidences de ce réchauffement climatiques. En généralisant les mesures proposées, en leur donnant un caractère universel, on a rendu les conditions de développement et de rattrapage des États les plus démunis de la planète plus difficile encore. Pour deux solutions pourraient être étudiées
La première consisterait à traiter le continent africain à part, en ne lui imposant pas pendant cinq ans ou dix ans, les engagements pris. Cela aurait peu d’incidence pour les autres continents du fait de sa très faible contribution actuelle à la pollution mondiale .
La seconde reviendrait à prendre en compte la théorie de Coase, celle du pollueur payant, et conduirait à ne pas proposer l'universalité des mesures prises, réduisant pour un temps la contribution financière du continent africain à une contribution symbolique.
Malheureusement, les engagements pris l'ont été sous la pression des États les plus puissants, souvent les plus pollueurs, au mépris des conséquences que cela impliquait pour les plus modestes, souvent les moins pollueurs.
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