Cours du pétrole et avenir de l’économie africaine

La chute des cours du Brent, avec un prix du baril divisé par deux en un an, est pour un grand nombre d'observateurs à l'origine des difficultés économiques que rencontre le continent africain. Une analyse de la production de pétrole africaine conduit à relativiser cette affirmation. En effet ne peuvent être concernés par cette chute que les pays exportateurs de pétrole. Or, sur les 54 pays africains, 19 seulement sont des pays producteurs et seule une petite dizaine d’entre eux sont exportateurs.
Selon l'agence des États-Unis Energy Information Administration (EIA), si parmi les 92 premiers pays producteurs de pétrole ,19 sont africains - le Nigéria, l'Angola, l'Algérie, la Lybie, l' Égypte, la Guinée équatoriale, la République du Congo, le Soudan/Soudan du sud, le Gabon, le Tchad, le Ghana ,la Tunisie, le Cameroun la Cote d'Ivoire, la RD du Congo, le Niger, la Mauritanie, l'Afrique du Sud et le Maroc- seulement 9 de ces pays ont une production significative, soit de plus de 0,3% de la production mondiale, et quatre d'entre eux ont une production supérieure à plus de 1% : le Nigéria 3,11%, l'Angola 2,34% , l'Algérie 1,95% et la Lybie 1,2%-. Parmi les cinq autres, l'Égypte produit 0,7% de la production mondiale, c'est donc le cinquième producteur du continent, mais compte tenu de sa population de près de 90 millions d'habitants, ce n'est pas un pays exportateur et elle est donc peu affectée par le cours du barils. Ce n'est pas le cas de la Guinée équatoriale, de la République du Congo, du Soudan/Soudan du sud et du Gabon. Au total, ce sont donc huit pays qui sont concernés négativement par la chute des cours pétroliers. Pour tous les autres États - producteurs non exportateurs ou seulement importateurs - la chute des cours est une aubaine. Avec un baril à moins de 50 dollars, la facture pétrolière de leurs importations est réduite d’une façon appréciable. Leur balance commerciale est donc améliorée d'autant.
Par contre, pour les pays producteurs exportateurs qui n'ont pas ou n'ont pas su ou voulu diversifier leur économie, se contentant d'une économie de rente à court terme, la situation est difficile. C’est particulièrement le cas pour le Nigéria, l'Angola et l'Algérie. Ces pays étaient certes dotés de réserves importantes de devises mais celles-ci fondent comme neige au soleil depuis plus d’un an et elles risquent de disparaitre très rapidement si le cours du pétrole ne remontent pas de façon significative en 2016 et en 2017 .
Ainsi, au niveau du continent africain, le choc pétrolier ne saurait être rendu responsable à lui seul des prévisions pessimistes du FMI, revues à la baisse concernant les perspectives de croissance du continent africain, et des difficultés rencontrées par certains pays comme l'Afrique du sud qui ne semble pas profiter de la chute des cours pétroliers. Bien plus que la chute des prix des hydrocarbures , c'est la mauvaise gestion, d’une part, et la chute du cours des matières premières hors pétrole, d’autre part, qui pénalisent le continent. Et à cela vient s'ajouter l'insécurité grandissante de certains territoires, laquelle insécurité est peu propice aux investissements étrangers.
Pour les pays exportateurs de pétrole comme pour les autres, cette difficile période devrait être l'occasion de mettre en place les réformes nécessaires, visant à diversifier leur économie, à privilégier les industries de transformation et à mieux planifier de véritables programmes de développement. Pour les uns comme pour les autres,
Dans ce cas, la difficile parenthèse ouverte par le dernier choc pétrolier se refermera à moyen terme, des réformes sont indispensables pour repartir sur de nouvelles bases et éviter ainsi de connaître éventuellement des temps encore plus difficiles en cas de retour à d'autres chocs, qu'ils soient pétroliers ou non.
Avec des pays bénéficiaires du choc pétrolier et des pays qui en sont victimes, il est aujourd’hui très difficile d'établir une prévision globale de la croissance du continent africain pour les années 2017-2018. Si le nombre des pays bénéficiaires de la baisse des cours est six fois plus important que celui des pays victimes de cette baisse, pour autant le niveau de développement atteint par les seconds est souvent supérieur à celui des premiers. Les pays pétroliers étant considérées, à tort ou à raison, comme les locomotives du développement économique du continent. Tout le problème est donc de savoir si le continent africain continuera de bénéficier d'une croissance moyenne annuelle d’environ 5% , ce qui en fait l’une des régions les plus dynamiques d’un monde en crise.
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