Hausse du pétrole et printemps Arabe, un lien ?

Facile de lier la hausse du cours du Brut aux évènements socio-politiques qui ont lieu dans les pays Arabes. Pourtant, il semblerait que la hausse de la demande mondiale soit le seul vrai facteur d’influence. Les effets du printemps arabe n’interviennent pour l’instant pas directement sur la hausse des prix.
Au premier jour du mois de mars 2011, le prix du baril a clôturé en hausse (115 dollars à Londres, 100 dollars à New York) sur fond de tensions au Maghreb et au Moyen Orient. Le mois des spéculations était ainsi lancé. Friands d’évènements de ce type, et dans des pays producteurs de surcroît, les marchés se sont empressés de justifier cette hausse par la baisse de production des pays impactés.
L’Arabie Saoudite peut sans problème assurer la stabilité du marché international.
Pourtant, explique le journaliste économique Gilles Bridier, la production d’or noir est jusqu’à présent assez peu affectée par ce «printemps arabe». Parmi les pays qui vivent actuellement une révolution et où les pouvoirs sont déchus, la Libye est le seul qui extrait du pétrole.
Avant les évènements contre le régime Kadhafi, le pays produisait entre 1,5 et 1,7 million de barils par jour, sur un total mondial de 86 millions. Et en exportait environ 1,2 million. Aujourd’hui, la production a été diminiuée de moitié à cause du départ massif d’ouvriers qui travaillaient sur les puits.
Mais les exportations se poursuivent, et l’Arabie saoudite s’est engagée à compenser le différentiel des exportations libyennes.
Extrayant jusqu’à présent 8,3 millions de barils/jour alors que ses capacités de production sont supérieures à 12, le royaume peut sans problème ouvrir les robinets pour assurer la stabilité du marché international.
La progression de la demande à l’origine des tensions
En vérité, l’origine des tensions est bien plus structurelle et provient de la demande énergétique des pays importateurs.
Le 10 février, l’AIE a relevé ses prévisions de consommation mondiale pour 2011 à 89,3 millions de barils/jour, à cause notamment des besoins de la Chine qui ont augmenté de plus de 12% en 2010!
«C’est le vrai défi pour les opérateurs pétroliers, la conjoncture en Libye n’intervenant qu’en toile de fond.»