- EDITORIAL
- ECONOMIE DEVELOPPEMENT
- ECONOMIE LIBAN
- ECONOMIE MONDE ARABE
- ECONOMIE MONDE
- Catastrophe au Japon mais le Yen à la hausse
- Crise financière : l’heure des choix
- Dissonances et belles paroles au G8
- G20 Finances : une présidence française efficace
- Incertitudes financières du système international
- La France veut humaniser la mondialisation
- Primes aux salariés contre dividendes aux actionnaires : une innovation française qui peine à passer
- CULTURE
- SOCIÉTÉ
Incertitudes financières du système international
alayamadmin
Analyse Economique

2011-01
Al Ayam
L’année 2010 aura été celle de l’après crise, au lendemain du choc de 2008-2009. Mais elle restera aussi celle de la confirmation des grands principes de la nouvelle régulation financière, principes posés pour la première fois en avril 2009 par le G20. Près de deux ans se sont donc écoulés qui ont pu vérifier la difficulté qu’il y a à passer des principes à leurs réalisations, de la théorie à la pratique. Reconnaissons que le sujet est difficile : comment, par exemple, concilier la recherche de stabilité et les besoins de croissance aux Etats-Unis et en Europe ? De même, une reprise à plusieurs vitesses complique les choses. Et si l’année 2010 a été celle d’un fort repli de l’activité des pays émergents, il ne faudrait pas pour autant confondre repli et ralentissement. En Europe, à l’exception de l’Allemagne, et aux Etats-Unis, l’activité, lorsqu’elle redémarre, ne redémarre que très lentement. Par contre, en ce qui concerne l’activité des pays émergents, le ralentissement a fait place au retour à une croissance à deux chiffres en Chine et en Inde. Et les autres pays émergents ont retrouvé les rythmes de croissance des années 2005.
La disparité des situations économiques est donc la règle. Elle complique à l’évidence la coordination des politiques économiques et monétaires les concernant. Lors du dernier G20, la présidence française a confirmé la volonté de faire de la réforme du système monétaire international la priorité.
Jamais le dossier de la supervision et de la réglementation financière et bancaire n’a été autant discuté. Pour autant, nous en sommes toujours au temps de la réflexion, voire au mieux au temps de son évolution. Mais l’heure du Grand Soir de sa révolution n’est pas encore arrivée, voir même annoncée. Certes, depuis la création du comité de Bale en 1974, des progrès sensibles ont été constatés, en particulier avec la généralisation de l’usage du ratio cooke (au moins 8 % fonds propres/crédit risqués), ratio corrigé et recorrigé depuis. Mais les faits ont durement rappelé que ce comité n’était qu’un comité de concertation, dont les conséquences demeurent suspendues à la bonne volonté des états. Ce qui nous a permis de constater que les Etats-Unis avaient été peu enclins à faire appliquer Bale 2. Ce qui nous permet d’écrire qu’on ne voit pas alors pourquoi ils le seraient davantage pour Bale 3.
Même difficulté et même constat en ce qui concerne le système monétaire international. Si tout le monde, ou presque, est d’accord pour dire que bon nombre de taux de change sont incohérents avec les fondamentaux de l’économie, pour autant le constat s’arrête là ! Au cœur de la discorde, le dollar et le yuan. En ce qui concerne le dollar, de fait monnaie de réserve internationale, l’Europe n’est pas aujourd’hui en mesure d’imposer, voire même d’influencer la parité dollar/euro. Le simple rappel des règles de marché suffit à en expliquer la logique. De par son rôle de monnaie de réserve la demande de dollar est toujours supérieure à son offre. Aussi, en parité flottante –ce qui est le cas aujourd’hui, l’offre va déterminer la parité dollar/euro. En augmentant l’offre, on réduit la parité, en la réduisant, on augmente la parité. Et, rappelons qu’augmenter l’offre c’est activer la planche à imprimer du billet vert. Le cours du dollar est donc bien de la seule responsabilité de la Banque fédérale américaine.
En ce qui concerne le yuan, la parité dépend d’une décision administrative des autorités politiques chinoises. L’année 2010 aura montré combien ces dernières entendent rester sourdes aux demandes occidentales, allant même parfois jusqu’à dévaluer le yuan au lendemain d’un appel solennel des Occidentaux demandant sa réévaluation. Les chinois ont fait comme bon leur semblait, et tout laisse penser qu’ils continueront en 2011. Ainsi, en réclamant, à corps et à cris une réévaluation du yuan, en se montrant incapables de l’imposer, Anglo-saxons et Européens montrent leur nouvelle faiblesse
Aussi bien donc, dans le domaine prudentiel comme dans celui du système monétaire international, les vœux pieux l’emportent très largement sur les réalisations. Il ne manque plus que la création d’une commission visant à aider à leur concrétisation pour que l’on vérifie l’adage célèbre selon lequel il n’y a rien de mieux pour enterrer un dossier que de créer une commission chargée d’y réfléchir !