La Francophonie face à son destin

Le 15e Sommet de la Francophonie, qui s’est tenu à Dakar (Sénégal) du 28 au 30 novembre 2014, en présence d’une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernements sur les 53 Etats membres (plus vingt observateurs). L’ancien gouverneur général du canada, Mme Michaële Jean a été désignée secrétaire général à la succession du Sénégalais Abdou Diouf, qui s’est retiré après trois mandats à la tête de l’instance internationale.
Ce sommet a été l’occasion de rappeler la place de l’Afrique au sein de l’organisation internationale dont la cinquantaine de membres représentent 16 % du PIB mondial, connaissent un taux de croissance de 7 %. Le continent africain représentera 80% des plus de 770 millions de francophones en 2050. C’est dire l’importance du développement de ce continent d’avenir où le taux de croissance moye approche les 7%, ce qui en fait le deuxième pôle de développement du monde moderne après l’Asie.
L’avenir de la francophonie en Afrique
L’avenir de la francophonie est donc l’Afrique. Et toute l’Afrique, car l’Afrique c’est aussi le Maghreb où la langue française occupe une place de choix, sans concurrencer pour autant la langue maternelle, l’arabe. Pour que cet avenir se déroule dans de bonnes conditions, il faut que la coopération Sud-Sud se développe aussi.
On s’aperçoit aujourd’hui que le grand défi est la coopération Sud-Sud, comme l’a bien compris le Roi Mohammed VI du Maroc qui a une politique africaine très dynamique.
Trois évolutions majeures pourraient accélérer la croissance économique des pays francophones d’ici à 2050 : le nombre de francophones devrait considérablement augmenter (plus de 3 fois); le besoin en infrastructures pourrait porter la croissance des pays francophones ; le développement des nouvelles technologies pourrait accélérer leur développement. C’est dire l’importance d’une nouvelle stratégie en matière de développement.
A cet égard, le sommet de Dakar a marqué sa détermination de renforcer le volet économique de la francophonie et il l’a inscrit dans les priorités du cadre stratégique qui fixe les objectifs de l’OIF pour la période 2015-2022. Il est notable que le sommet a mis l’accent sur els rôle des femmes et des jeunes comme « acteurs du développement ».
Il s’agit de construire un ensemble économique original se fondant sur d’indéniables complémentarités, des valeurs et des normes communes et des intérêts partagés. Négliger la dimension linguistique identitaire car ce serait prendre le risque de sortir du jeu de l’économie mondiale sur des terrains essentiels comme celui du numérique, de la recherche, des échanges, ou encore du tourisme
Et pourquoi pas, comme le souhaite le rapport Attali, faire naitre une Union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne.
Fixer un cap précis
Cet objectif est indissociable d’un projet commun qui selon le député des Français de l’étranger, Pouria Amirshahi, doit viser à « une facilitation des échanges et de la mobilité, ainsi que la convergence des contenus et connaissances, que ce soit dans les domaines éducatif, scientifique ou économique ». Il s’agit surtout de présenter une vision alternative, celle d’un monde multipolaire, respectueux de la diversité, mieux équilibré.
La consolidation de la langue française, l’éducation et la formation sont également des priorités absolues et sur ce point on aimerait que l’Organisation internationale de la francophonie se recentre sur ses objectifs essentiels et spécifiques plutôt que de disperser ses efforts dans des actions qui relèvent de la mission des Nations Unies. Faciliter la consolidation de l’Etat de droit, en aidant les pays membres à mettre en place les structures juridiques et matérielles de la bonne gouvernance, est une chose, se mêler à tout propos des affaires intérieures des Etats et pratiquer cette ingérence permanente, qui est une manie anglo-saxonne, en est une autre.
La francophonie devra faire des choix et fixer un cap précis.
Pour y parvenir, le problème essentiel est moins la capacité matérielle d’agir que la volonté politique et l’engagement dynamique des Etats, à commencer par la France qui devrait enfin lui accorder une attention plus soutenue.
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