L'affaire Carlos Ghosn

L’affaire Carlos Ghosn dévoile le caractère hyper-nationaliste des Japonais qui ne supportent pas que des étrangers viennent administrer des sociétés japonaises chez eux.
Il ne faut pas oublier que le ministère de l'industrie japonais, le METI anciennement MITI, exerce une fonction tutélaire sur les entreprises japonaises, les informe des marchés étrangers à conquérir, leur prodigue mille conseils et les garde des prédateurs étrangers. En un mot, il est le gardien de la souveraineté économique du Japon et entend le rester.
On est à cent lieues de la mondialisation heureuse sans frontière prônée par l'idéologie ultra-libérale des multinationales qui méprisent les souverainetés des États et veulent les ignorer. Pour le METI, le libéralisme a des limites, et les dirigeants japonais de Nissan ont visiblement trouvé dans les fautes, réelles ou supposées, de Carlos Ghosn l'occasion pour reprendre le contrôle qu'ils avaient perdu sur leur entreprise, il est vrai redressée par le Franco-libanais. De véritables ingrats! Rien de bien étonnant lorsque l'on connaît l'histoire du Japon.
Cette affaire illustre parfaitement le retour des États dans le processus économique. Mais certains n'hésitent pas à utiliser des méthodes contestables avec des coups en dessous de la ceinture dans le cadre d’une sourde « guerre économique souterraine » (V. Le piège américain par Frédéric Pierucci, éd. JC Lattès) : c’est le cas d'Alstom où le Département de la Justice américain a fait jeter en prison un cadre supérieur du groupe français alors que des tractations se déroulent entre celui-ci et l’Américain General Electric, et c'est la même méthode avec Nissan contre Carlos Ghosn.
Dès lors, la France – qui a littéralement laissé tomber Carlos Ghosn - devrait avoir pour seul objectif de sortir de la naïveté des marchés et de l'idéologie du libéralisme et tout mettre en œuvre pour que Renault garde son autonomie et retrouve des bases solides de coopération avec Nissan ou avec d'autres.
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