Le Festival des musiques sacrées de Fès

La 17e édition du Festival des musiques sacrées de Fès, au Maroc, a confirmé la place de tout premier choix que ce festival a acquise au fil des années. Du 3 au 12 juin 2011, et sous le thème « sagesses du monde », des artistes du monde entier, représentants toutes les grandes civilisations ont participé à cet événement culturel international. Des spectateurs venus des quatre coins de la planète, ont consacré si besoin était le rôle particulier de Fès, véritable capitale spirituelle du Royaume du Maroc, au premier rang de la culture mondiale.
On retiendra de ce festival organisé par la Fondation de Fès et sous la direction de Faouzi Skali, le moment particulièrement fort du spectacle d’inauguration au magnifique emplacement de Bab al Makina. En présence de la Princesse Lalla Salma, l’épouse du Roi Mohammed VI, cette inauguration a été marquée par la présentation d’une œuvre d’une grande originalité autour du thème du grand poème arabe Layla et Majnoun. Ce spectacle lyrique conçu par Armand Amar met en scène une quarantaine d'artistes venus d'Asie, d'Orient et d'Occident, pour honorer présenter cette histoire d’un amour absolu, en offrant au public un oratorio mundi en sept temps poétiques, véhiculés et chantés en plusieurs langues : arabe, persan, turc, mongol, hindi, urdu ou encore bengali. Des chants de Mongolie, du Pakistan, d'Iran et du Maroc, et de la danse venant d'Inde, étaient également de la partie, pour interpréter cette fresque majeure de l'histoire du mysticisme musulman, qui pense la folie d'amour comme le point de fuite vers l'absolu, vers l'ailleurs, vers l'Autre, dans le rapprochement de Dieu. Ce spectacle devrait être présenté à la rentrée dans plusieurs capitales, notamment au Théâtre du Chatelet à Paris.
Parmi les autres spectacles présentés durant ces dix jours de festival, on retiendra le tour de chant de la Libanaise Julia Boutros qui avec sa fougue bien connue et sa forte et attachante voix, a interprété magistralement des titres de son ancien, tel « Ghabet Chams El Haq» et «Ya Thowar El Ard », comme de son nouveau répertoire , D(autres artistes de grande classe ont également illuminé ce festival : Elena Ledda d'Italie, Maria Bethânia du Brésil, Françoise Atlan, Moneim Adwan (Maroc-Palestine), Arcàngel d'Espagne, Salah Aghili d'Iran, Prem Sanyas d'Inde et Alèmu Aga d'Ethiopie, Ben Harper (Etats-Unis), ou l'Ensemble Syubbanul Akhyar ( Indonésie). Le festival donne également lieu à de nombreux spectacles gratuits dans toute la ville, pour la plus grande joie de la population et des touristes.
La réflexion de haut niveau est également présente à ce festival avec l’organisation d’un forum sur le thème « Une âme pour la mondialisation ». Durant quatre jours des intellectuels de grande renommée -Yann Arthus Bertrand, Nabil Ayouch, Mustapha Chérif, Radu Mihaileanu, Edgar Morin, Charles Saint-Prot - ont réfléchi et présenté leurs analyses sur les sujets suivants : Quelles sagesses pour notre temps ? Quel avenir pour le Proche Orient ? Printemps arabe : les nouveaux horizons du Maghreb ; Heurs et malheurs de la démocratie. Au total un festival, qui est devenu un grand événement international et d’une exceptionnelle qualité, confirmant la place particulière du Maroc dans le domaine de la culture et du dialogue des civilisations.